Du pollen plein les narines
Je savais que j’étais allergique aux gens qui se garent en triple file, aux pleurnicheries de Fifille et aux personnes qui ne disent pas bonjour le matin mais, je n’aurais jamais cru que je serais un jour allergique à l’Afablusiona*!
Dès que la sève de Mr Afablusiona remonte, son instinct de mâle se réveille. Il devient obsédé par la survie de son espèce. Et, quoi de plus efficace pour attirer les filles qu’un bouquet de fleurs?
Mais, il n’est pas du genre timide Mr Afablusiona, il serait plutôt le frimeur à la décapotable violette qui part à la chasse toute stéréo hurlante. Son attrape femelle à lui ce sont ses fleurs mauves dont il se recouvre entièrement. Avec ses copains qui l’imitent, ils déversent des millions de semences dans l’atmosphère. Espérant, par hasard, tomber sur une âme sœur qui leur fera de jolis arbrisseaux. C’est l’insémination du désespoir.
Depuis le temps qu’il est enfermé dans du béton, il aurait du comprendre que ça ne servait à rien de s’épuiser. D’autant plus que les horticulteurs malins n’ont planté que des Afablusiona mâles à des km à la ronde. C’est certain, pour la frime d’une ville, il n’y a pas mieux.
Bref, rien d’étonnant à ce qu’un grain de pollen ait aboutit dans le fond de mon nez.
Tout ceci ne m’aurait fait ni chaud ni froid si mon système immunitaire n’avait pas fait de l’excès de zèle. Lui aussi, il tire sur tout ce qui bouge sans faire la différence entre un méchant virus et un inoffensif grain de pollen.
Un jour, un de mes gentils petits lymphocytes B (globule blanc)a démasqué le grain de pollen et a sécrété des anticorps pour avertir ses grands frères mastocytes de sa découverte. Les grands frères mastocytes qui habitent surtout la peau et les muqueuses s’ennuyaient et ont eu envie de jouer à la gueguerre.
Jusque là, je continuais, en toute innocence, à me délecter du parfum des belles fleures mauves.
La guerre a commencé le jour où un deuxième malheureux grain de pollen s’est perdu dans mes narines. Les mastocytes, impatients comme des militaires sur-entraînés devant une cible en carton, commencèrent à encercler grain de pollen et à lui lancer leurs bombes lacrymogènes pleine d’histamine. L’histamine a fait peur au grain de pollen mais c’est surtout moi qui ai commencé à pleurer tant elle a fait gonfler les tissus de mon nez et de mes yeux.
L’allergie est donc le dommage collatéral d’une stupide guerre du zèle.
Conclusion : Pour procréer comme pour se défendre, l’important n’est pas de tirer beaucoup mais de viser juste…
Et vous? Vous êtes de francs tireurs?
Afablusiona* : inutile de chercher dans votre livre de botanique ce n’est que la transcription phonétique aléatoire du vague souvenir qu’il me reste du nom prononcé par le médecin.
avril 2nd, 2009 - 15:48
Atchoummmmm