Ascension difficile

ascenseur

La semaine dernière, je rentrais du supermarché harassée. Les deux fifis avaient déployé toute leur énergie pour me faire comprendre qu’ils détestent les promenades au magasin.

J’arrête la voiture dans le garage et me réconforte mentalement en me disant qu’il ne me reste plus qu’à ranger tout ça avant de pouvoir m’effondrer enfin.

Je charge mes dix tonnes de courses et mes 40 kg d’enfants dans l’ascenseur. Fifille sur le bac de bières et Fifi coincé derrière un gros sac, je pousse sur le 1.

L’ascenseur décolle sans sourciller. Je fixe la porte attendant avec impatience qu’elle s’ouvre sur mon palier.

Rien ! L’ascenseur s’arrête « Dieu sait où » et la porte ne s’ouvre pas.

Restons calme, me dis-je, pas de panique. Je repère mon nombril, descends 2cm plus bas, visualise le dan tian et me concentre pour respirer par ce point.

La lumière s’éteint…

Fifi qui n’a pas encore eu de cours de gestion du stress, commence à paniquer:

-Qu’est ce qu’il se passe maman ?…On va mourrrriiiir…

Un instant, j’hésite à profiter de l’occasion pour lui transmettre mes connaissances en respiration zen. J’opte pour le très banal :

-Mais non mon chéri, ne t’inquiète pas.

Fifille ne dit rien. J’entends un sproutch qui me laisse deviner qu’elle a trouvé les pots de crème dans le sac à côté d’elle.

D’une main, je cherche le bouton de détresse et commence à faire hurler l’alarme. J’espère qu’un voisin entendra et ira prévenir le portier pour qu’il joue enfin son rôle d’ouvreur de porte.

Les minutes passent. La sonnerie stridente de l’ascenseur ne fait qu’ajouter à la panique de Fifi. Je lui caresse les cheveux pour le réconforter.

-Ne t’en fais pas, mon chéri. Regarde, c’est bien tombé. On a de quoi manger pour la semaine. Cet ascenseur n’est pas étanche, on ne craint donc ni l’asphyxie, ni la faim…

Toujours très pragmatique, il me répond dans un sanglot :

– Mais, mais, mais, on n’a pas d’eau ! On va mourrriiiiiiiir de soif…
– Tu oublies les bières mon chéri !
– Je te promets que pour sauver vos vies, je ferai une entorse à la règle interdisant l’alcool aux enfants.

Encore faut-il que j’arrive à ouvrir ces bouteilles dans le noir sans décapsuleur…c’est un truc d’homme ça…Une pensée que je garde pour moi.

Après une bonne demi-heure, je me rends à l’évidence:
– soit, nos voisins sont complètements sourds
– soit, ils sont tous partis
– soit, ils se disent que, des voisins morts sont des voisins en moins
ou les 3….

Il ne me reste qu’une solution, forcer la porte !

Le scraaatch dininininini qui vient du coin de Fifille décuple ma motivation. A coup sûr, elle vient d’ouvrir le paquet de riz.

Je pose mes deux mains sur la porte métallique, agrippe le bord avec mes ongles et fait coulisser le tout….sans la moindre difficulté…Cette foutue porte n’attendait que ça !

Fifi sort d’un bond. La lumière se rallume. Je découvre le désastre causé par Fifille. Elle me regarde souriante, toute dégoulinante de crème au chocolat et riz collé….Aaaaaaaaaaaaah !

2 commentaires sur “Ascension difficile”

  1. Oum

    Excellent ! en tout cas, je t’admire pour ton sang froid…Moi j’aurai pété un câble direct, avec ou sans bébé dans les bras !!!
    P.S. c’est toi sur la photot?

  2. Hilde

    Elles sont marrantes tes histoires.
    En effet, bravo pour ton sang froid , ce n’est pas donné à tout le monde.