5h55 du matin

Fifille: Mamaaaaaaaaaaaaaaan !

Miss Chocolat accourant d’un œil et regardant d’un pied: Qu’est-ce qu’il y a ma chérie ?

Fifille hoquetant: J’ai peurrrr des montres.

Miss Chocolat plongeant se cacher sous les draps princesses: Quoi ? Des montres où ça ?

Fifille: Làààààà, sur le muuuuuur

Miss Chocolat à Mr Monchéri: Au secours, viens vite, il y a des montres !

Ne riez pas, c’est vraiment très dangereux les montres, ça mange le temps!

Celles de ce matin ont réussi à engloutir toute une heure de sommeil et pas n’importe laquelle, la dernière, celle qui décide l’humeur de toute la journée!

Vous ne me croyez pas ? Et si c’est Baudelaire qui vous le dit ?

J’adore ce poème !

L’Horloge

Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: « Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;

Le Plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!

Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or!

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c’est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira: Meurs, vieux lâche! il est trop tard! »

Charles Baudelaire

Et vous ? Vous pourriez vous passer de montre ?

mardi, octobre 6th, 2009 - 19:36 -Classé dans Poé-tics-Textes et photos soumis à Copyright © .