La semaine dernière, Mr MonChéri et moi avons dîné chez les voisins du dessous. Je trouvais cette invitation un peu étrange puisque nos contacts avec eux se résument, depuis deux ans, à de simples formules de politesse.

Lorsque nous sommes arrivés, l’ambiance était décontractée. Les trois autres couples étaient déjà là et nos hôtes servaient l’apéritif. Après avoir salué poliment l’assemblée, je me suis assise sur un divan un peu en retrait. J’ai figé un sourire sur mon visage et ai entrepris des hochements de tête réguliers.

De mon poste, j’ai vite remarqué que le couple qui nous recevait était très complice avec un des trois autres couples. Les femmes faisaient régulièrement des apartés. Je me sentais observée du coin de l’œil. Les hommes, eux, s’appliquaient à faire parler les convives.

Mr MonChéri, pas très à l’aise non plus, ne faisait que répondre laconiquement aux questions posées. Par contre, les deux autres couples étaient plus volubiles.

Les Durano partageaient une passion commune pour la corrida. Ils revenaient d’un séjour à Séville où ils avaient assisté à un spectacle de tauromachie mené par 3 générations d’hommes d’une même famille. Ils racontaient qu’ils avaient eu la chance d’accompagner l’éleveur de taureaux dans sa ferme et expliquaient avec beaucoup de détails les critères de sélection des bêtes. Ils n’avaient pas honte d’affirmer avoir plus de respect pour les taureaux que pour les toréadors.
J’espérais vraiment que l’odeur de viande grillée qui s’échappait de la cuisine soit celle d’une bonne entrecôte de bœuf rien que pour voir leur réaction.

L’autre couple était naturopathe. Ils nous mettaient en garde contre les pratiques industrielles de la vie moderne. Lait de vache, vaccins, salade en sachet, tout était bon à jeter. Ils expliquaient comment, chez eux, ils avaient condamné une salle de bain pour en faire un jardin bio. Ils recyclaient leurs déchets ménagers en compost dans l’évier. Le bidet servait à la culture de vers de terre et la baignoire au potager. A mon avis, ils n’y faisaient pas pousser que des courgettes…

Plus la soirée avançait et plus les deux couples amis devenaient hilares. Ils semblaient très déçus de notre mutisme à Mr MonChéri et à moi…

A la fin du repas, je me suis levée. J’ai posé sur la tête de notre voisin une couronne fabriquée avec ma serviette en papier et, dans un portugais approximatif, ai déclaré :

«Cher voisin, vous avez une belle tête de vainqueur ! Nous vous nommons roi des cons ! »

On ne nous la fait pas à nous, on se méfie toujours des invitations du mercredi !

Et vous, z’avez déjà participé à un « dîner de cons » ?

lundi, avril 27th, 2009 - 18:13 -Classé dans EXPATS toujours-Textes et photos soumis à Copyright © .